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Ville en fuite, un détour

Ville

Au reflet cadencé de nos pas fouineurs, le rythme lumineux de cette ville muette sonne sous nos yeux chassieux. Les chasseurs de furtive éternité regardent vivre les yeux indociles de cette cité enfin retournée. Ces guetteurs inopinés, toujours à l'affût d'une étrange expérience, puisent dans les ombres trafiquées le goût vif de l'inanimé. La ville est muette, étagée, on cherche sa ligne de mire, et l'on veut tapi dans l'ombre, de quoi saoûler notre âme, une corde, un soufflet, tout ce qui s'attache au drame.
 On soigne sa mélancolie, lourdement harnaché, on a du poids sur les épaules, de la peine à tordre, des espoirs qu'on frôle, une vie à aimer, mais il faut l'approcher, cette lueur empreinte de timidité. Elle a toujours peur de s'éteindre, son sommeil est léger, elle a si peur d'éteindre, nos espoirs vacillants, nos lames d'amants, nos larmes d'enfant, elle a si peur d'enfreindre.
  
Détour

C'est une ruelle sombre, aux portes de l'agitation
C'est ouvert jour et nuit, même les jours fériés
On pose des verrous, sous peine de conditions
Des serrures heurtées, de la cave au grenier

La pénombre masque ses yeux de chaîne
Les façons de clef aux portes effilées
A l'abri des sursauts rouges de haine
Et des cognées planquées au coeur si serré

C'est ouvert jour et nuit, même les jours cassés
On y trouve, dit-on, un oeil pour chaîne
On y vient heureux, souhaitant réparation
La vie ici refuse de se tromper

Les coeurs sont à l'unisson
Le coeur comme unique son.

(Abatwar (asso défunte), Montpellier, 14, rue du chapeau rouge).

Fuite

La trouille progressait vite. Interminable, étirée, ne lui laissant que de brefs répits, jouets de malheur, seulement là pour intensifier cette douleur sans cesse renouvelée, cette folle aux yeux sauvages, carnassière avide, ivre de mal, candide dans la comtemplation de son crime, absente, déjà tendue vers sa nouvelle victime. Elle s'envole, de grandes ailes noires déploient son chemin sanglant.

Il finit de se consummer, son ballet cassé cesse, figé dans la boue de ses cendres, il n'est plus qu'un tas informe. Ses cris ont attiré moult passants, ils constatent, la nuit définitive reste invisible à ces gens. Elle pointe son âme froide vers une nouvelle aube pourpre. D'autres, à la suite, constateront, de bonne foi, les mains dans les poches, en froissant leurs petits papiers gras devenus illisibles.

    Leurs doigts enflés usent nos vies.

L'autre combattant, exténué, saute de tous ses bois. Poursuite sans mesure, la menace à l'affût traque la peur modelée, l'attraction sauvage glisse sur ses pentes. Un pan de voile s'élève, le spectacle soudain dérisoire fouille sa carnassière.

Il fuit les sentiers poursuivants, et fluide les coups de fouet d'écorce, mais le sang vole sa bouche, son filet barbu glisse et suit ses marques puissantes. Il est trop tard, l'échabatoire file, la menace à l'affût lui fait mordre ses nerfs, il est à terre, écrasé, sans mot dire, il n'en eut pas l'errance.

L'incision fraye avec le poison. Il gît, une dalle de feuilles mortes signe l'arrêt de mort, d'une encre rouille. Personne ne plantera sa croix, l'épithaphe s'étire. La forêt n'avait aucune limite, elle peut maintenant se rapprocher, entière, dévoreuse, altière, seule.

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