La mort des amants
Les sombres divans tapis dans nos cerveaux
Laissent ruisseler d'amères voluptés
Le temps laisse intriguer
Lacère les beaux mots
Alors de ces moments aux doux ors féconds
On fait table rase, jetant à l'ortie
Des souvenirs caressants souhaitant en dire long
La margelle maudite taille une nouvelle vie
Elle burine, à l'ombre de ce puits
Alors cours, renverse, longe, mais fuis
La folie ricanante au sang froid possédé
Siffle à nos oreilles l'averse de l'aimée
Ses doux cris aux aveux d'impuissance
Laissent filtrer l'amour indécence
La nuit à l'haleine fraîche ouvre les trappes de mon cerveau
Ces pièces laissées sèchent, enclaves où roulent une tombe
Sur le seuil enfiévré, l'inconnue me fait signe
D'un geste étiré, elle donne grâce à ma vie
Sa paupière perlée à mon approche cligne
Elle me prend entier, possédé, le temps d'une nuit
Une cavalcade hallucinée nait
Tout sombre
L'approche d'une vie empourprée sait
Tout ombre
Jeux de masques et de couleurs
On s'habitue à ses leurres
En dehors de soi.
La mort des artistes
Randonnée de jais aux profondes venaisons
Nous fracturons des tertres, de sales maisons
Croyant briser des flacons toujours capiteux
Nous foulons du calcaire, en toutes saisons
Et toi tu ris, hagard, en saignant quelques gueux
Tu ne taris pas d'éloges sur nos ferments posthumes
Ton sillage vif, à l'orée, plus froid que de coutume
Se fout bien de nos envies, inopportunes
Tu te tiens là, de guingois, intrigante
Au large front, tu souris à nos aveux maniérés
Savoir tant de choses ne valant pas grand-chose
Elle brinquebale d'étranges grelots aux sons aveugles
Les moisissures d'écorces se gonflants d'assurance
Fêtent nos noces d'argent, reflets courroucés, coupables vertus
Sur son sentier dallé nous écorchons nos vies
D'une main distraite elle sacrifie, à l'envi
Elle souffle, fière, des paroles blessantes
Aux sens sans cesse médités, délavés, et tue
Le lierre consummé jusqu'à l'hystérie
Amante jamais délaissée, tu enfantes
Sournoise, tu t'abouches de nos gargouillis
Tu te repais de dépouilles
Si mal alimentées
Déjà mortes
Vivants.