Les monstres
Chasseurs d'âmes humaines, ils happent les consciences, possèdent cette satanique aisance, il est facile de tomber dans leurs rêts, tu n'es plus qu'un 'étais".
Devant toi miroite un monde délétère, mais depuis combien de temps tu erres, ta pauvre âme à genoux se blesse, le désespoir t'aveugle, plus durement il t'oppresse.
Tu acceptes leurs griffes, par faiblesse, alors comme un fou tu tends ta propre laisse, elle te mord, t'arrache la peau, tu n'as plus la force de vivre dans cet enclos.
Affaibli, tu acceptes cette main qu'on te tend, tu ne vois pas à quel point elle ment, le cercle vicieux s'installe, tu vas cotoyer le mal.
Naïveté, douleur et inconscience se lient, tu creuses ton malheur, ils rient, tu viens de marcher dans leurs pas, pour quelques festins de roi.
L'engrenage pose ses lames et te broie
Longtemps tu auras froid
Trop heureux te t'avoir piégé
Tous les moyens sont bons pour t'emmurer.
Ils manipulent les êtres, par convoitise, tous les jours gagnent un pas, brisent, mais un jour le présent te rattrape, l'avenir dérape, le passé ne te laisse pas t'échapper, tu rejoins les aliénés.
L'avenir comme toujours te frappe, il continue son oeuvre mortelle, le malheur revient chercher sa victime, monte sur l'autel, paie ton crime.
Les vrais coupables, bien à l'abri dans leurs draps, plantent sur leur long chemin, une nouvelle croix.
Tu dois payer, la faute te rentrer dans la chair, le lourd maillet s'écrase, condamne ta misère, tu n'est pas mort mais en a déjà l'air, il glace ton esprit, ton coeur se serre.
Quelques années à en baver, l'enclos t'as rejoint, plus amer, la vie continue de te miner, monte en galère.
Cette lourde erreur crève ton coeur. Ton présent se tord, l'avenir est mort. Les fleurs du mal, ce lierre si vivace, te grimpent au cerveau, qui peu à peu s'efface.
Le costume
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est impeccable
Par mille soins attentifs, le v'là rev'nu au monde
Enfin il a pu fuir du placard implacable
Coup d'brosse sur les tifs, il part comme une fronde
C'est qu'y'a deux jours, heureuse nouvelle
Une convocation, dans la boite aux lettres
Ca fait des mois qu'dans la gamelle
Y'a plus grand chose à mettre
Alors on exhume le beau constume puni
La trouille au ventre, on prend la direction
D'un vice de forme pas si longtemps honni
Mais la misère connait trop de distinctions
A trop ronger son frein on oublie son destin
On n'est jamais sûr de le voir respirer
Pas de parjure face à l'indistinct
S'il ne vit que pour vous ligoter
C'est donc d'un pas léger
Qu'il traverse la rue
Et qu'il se fît faucher
Sous une pluie bien drue.
Dors
Tu t'retournes dans ton sommeil
Mais tu ne te réveilles plus
En toi un astre sommeil
Mais tu n'y crois plus
Tu cuves ta vie sans soleil
Bien à l'abri dans tes draps
Tu te reposes sur elle
T'es un enfant dans ses bras
Tu aimes la vie et ses tours
Tu vis pourtant à double tours
Entre quatre murs tu t'indisposes
Tu le sais trop bien mais tu n'oses
Prendre des risques, t'as les j'tons
Et l'monnayeur dort avec toi
Tout ça n'est pas très bon
Tu le sais mais reste de bois
Même ta plume s'est effeuillée
Elle tire sa révérence
Elle se sait mal aimée
Ca n'a pour elle plus de sens
Tu t'retournes dans ton sommeil
Mais tu ne te réveilles plus
Tu n'attends plus l'éveil
Faut croire qu't'y as jamais cru.